Au cœur de 草の国 Kusa no Kuni, une modeste bicoque, faite de toile, finit par être la proie d’un terrible maelström. Sans la présence de piquet en acier, la tente aurait été emporté par les cinglantes bourrasques. Le feu céleste libéra un premier cri. La simple annonciation de sa présence assourdissait et muselait le règne animal. Une décharge électrostatique disruptive zébra la nuit étoilée – se fissurant aussitôt en plusieurs amas de cumulonimbus qui entraient en conflit. L’océan éthéré cracha une pluie diluvienne sur le luxuriant plateau. La sorgue allait être longue et infernale.
▬ Nous avons tellement parcouru de chemin, ensemble. Quand je regarde en arrière, je vous vois. Tous, sans aucune distinction. Les mêmes rires ont forgé nos faciès. Les mêmes pleurs ont ravagé nos yeux. Les mêmes idées ont sublimés nos projets. À la base de total inconnu, les longues années d’errance ont bâti un groupe soudé et indéfectible. L’aventure a rythmé nos vies et nous a rapproché. Je pensais, sincèrement, que nous conquerrions le monde... Quand je regarde en avant, il n’y a plus rien. Tout c’est envolé. Les liens fraternels ont implosé pour de miséreux prétextes. Ce n’était pas digne de vous. Ce n’était pas digne de moi. Vous avez abandonné votre frère à son triste sort. Longtemps, j’ai pensé à me venger. Longtemps, j’ai pensé à faire de vos vies un cauchemar. Ressasser le passé ne permet pas d’entrevoir les délices du futur. Je ne vous pardonnerai pas. Seul. Je conquerrai ce monde. Accepter cette ode à notre amitié fraternelle passée. C’est mon dernier hommage.
La cruche, portée contre l’orifice buccale, déversa sa liqueur dans l’organisme du marchand. Les effluves sucrées chatouillaient son odorat. Le liquide perlait depuis ses lèvres pour s’attaquer à son plexus. Le blondinet but d’une traite l’ambroisie. Un soupir relâché et la chope fila dans un coin de la tente. Les mains du ferronnier se frottèrent, l’une contre l’autre. La dernière pierre déposée donna vie au foyer. Le souffle du marchand lui offrit un enfant. Père de cette flamme dévorante, il la nourrit de brindilles. Après avoir mûri, une demi-sphère en acier prit place sur les charbons rutilants.
D’une main, la chair d’un lapin chassé la veille tomba dans la poêle. De l’autre, il donnait vie à son intrusment de cuisine. Ses doigts trifouillaient plusieurs bocaux aux émanations à faire pâlir d’envie les marchands des ruelles de safran : des épices sauvages. Un zeste d’assaisonnement plus tard, deux doigts ramassèrent un œuf qui traînait par là pour une obscure raison. Le poussin qui ne verra jamais le jour se déversa sur la viande dorée à point. Arrachant la mie d’un morceau de pain rassis avec les dents, son plat y fut déposé. Jamais les sédentaires ne pouvaient goûter pareil met.
Délicatement, le Rotenshō entrouvrit la porte en tissu. Positionnée dans le sens du vent – et donc de la pluie – l’explorateur ne craignait aucune gêne. Il appréciait à sa juste valeur ces conditions climatiques. Mahō y voyait une bénédiction. Une déité fertilisait le sol de cette pluie gorgée en nutriments. Il ne pouvait rester terrer dans son abris alors qu’un tel spectacle l’attendait. Un prédateur était si vite arrivé, d’autant plus quand un feu de camp agissait tel un phare et qu’une fragrance de nourriture planait dans les airs.
▬ Nous avons tellement parcouru de chemin, ensemble. Quand je regarde en arrière, je vous vois. Tous, sans aucune distinction. Les mêmes rires ont forgé nos faciès. Les mêmes pleurs ont ravagé nos yeux. Les mêmes idées ont sublimés nos projets. À la base de total inconnu, les longues années d’errance ont bâti un groupe soudé et indéfectible. L’aventure a rythmé nos vies et nous a rapproché. Je pensais, sincèrement, que nous conquerrions le monde... Quand je regarde en avant, il n’y a plus rien. Tout c’est envolé. Les liens fraternels ont implosé pour de miséreux prétextes. Ce n’était pas digne de vous. Ce n’était pas digne de moi. Vous avez abandonné votre frère à son triste sort. Longtemps, j’ai pensé à me venger. Longtemps, j’ai pensé à faire de vos vies un cauchemar. Ressasser le passé ne permet pas d’entrevoir les délices du futur. Je ne vous pardonnerai pas. Seul. Je conquerrai ce monde. Accepter cette ode à notre amitié fraternelle passée. C’est mon dernier hommage.
La cruche, portée contre l’orifice buccale, déversa sa liqueur dans l’organisme du marchand. Les effluves sucrées chatouillaient son odorat. Le liquide perlait depuis ses lèvres pour s’attaquer à son plexus. Le blondinet but d’une traite l’ambroisie. Un soupir relâché et la chope fila dans un coin de la tente. Les mains du ferronnier se frottèrent, l’une contre l’autre. La dernière pierre déposée donna vie au foyer. Le souffle du marchand lui offrit un enfant. Père de cette flamme dévorante, il la nourrit de brindilles. Après avoir mûri, une demi-sphère en acier prit place sur les charbons rutilants.
D’une main, la chair d’un lapin chassé la veille tomba dans la poêle. De l’autre, il donnait vie à son intrusment de cuisine. Ses doigts trifouillaient plusieurs bocaux aux émanations à faire pâlir d’envie les marchands des ruelles de safran : des épices sauvages. Un zeste d’assaisonnement plus tard, deux doigts ramassèrent un œuf qui traînait par là pour une obscure raison. Le poussin qui ne verra jamais le jour se déversa sur la viande dorée à point. Arrachant la mie d’un morceau de pain rassis avec les dents, son plat y fut déposé. Jamais les sédentaires ne pouvaient goûter pareil met.
Délicatement, le Rotenshō entrouvrit la porte en tissu. Positionnée dans le sens du vent – et donc de la pluie – l’explorateur ne craignait aucune gêne. Il appréciait à sa juste valeur ces conditions climatiques. Mahō y voyait une bénédiction. Une déité fertilisait le sol de cette pluie gorgée en nutriments. Il ne pouvait rester terrer dans son abris alors qu’un tel spectacle l’attendait. Un prédateur était si vite arrivé, d’autant plus quand un feu de camp agissait tel un phare et qu’une fragrance de nourriture planait dans les airs.
▬ Yare yare daze...