L’humiliation subie lors de la rixe avait profondément marqué Takeshi. Cette épreuve était censée être son moment de briller après des jours de travail acharné. Le peuple aurait vu le fruit de ses entraînements puis l’aurait acclamé dans la victoire comme dans la défaite. Il avait organisé cette bataille dans l’espoir de montrer à tous qui il était et qui il souhaitait devenir, un combattant émérite et redoutable. Cependant, l’Ogre avait brisé son rêve en mille morceaux en à peine quelques secondes. Son corps meurtri ressentait encore la douleur que lui avait infligé son compatriote, mais son cœur souffrait davantage. Son ego était de nouveau blessé après cet échec. Wu-tang et Dodo Watanabe étaient des monstres, des héros à la puissance inimaginable. Asatsuyu était leur terrain de jeu et ses habitants leurs jouets. Si l’adolescent n’avait aucune chance contre eux, il ne pourrait rien face à Imai Taro. Les larmes lui montèrent aux yeux. Il était dans un état émotionnel lamentable.
« Mon frère, pardonne-moi d’être comme ça… si faible. Je ne sais pas si je vais y arriver. Je ne sais pas si je réussirais à te venger. Je ne crois même plus en moi. Je me sens si fatigué. L’attaque des Portes d’Or, ma rencontre avec Wu-tang, le combat d’aujourd’hui, je n’en peux vraiment plus. Je n’ose pas retourner au domaine du clan. Kintaro va être déçu. Il aura honte d’avoir un protégé comme moi. Je veux partir, fuir ce pays, partir loin d’ici aller quelque part où personne n’entendra parler de moi. Excuse-moi Ryu, je suis vraiment désolé. J’espère que tu pourras me pardonner... »
L’enfant resta prostré sur lui-même pendant plusieurs longues minutes avant de retrouver son calme. Il espérait que personne ne l’avait vu pleurer ainsi. Il s’était assez humilié comme ça. Cependant, en dépit de sa faiblesse, une solution subsistait. Sa main glissa dans l’une de ses poches pour en tirer une fiole au contenu étrange. Des décennies avant sa naissance, le clan Imai n’avait pas qu’une réputation d’assassins, mais d’alchimistes prêts à tout pour créer de parfaites machines à tuer. Ces meurtriers ne se contentaient pas d’élever de futurs tueurs ou espions. Les enfants qui finissaient entre les mains étaient utilisés comme cobayes humains. Déformations physiques, maladies, effets secondaires et des morts innombrables. Rien n’arrêtait ces scientifiques qui continuait au nom du progrès.
Malheureusement, ils comprirent vite que seuls de rares élus survivaient à leurs concoctions dangereuses. Ces individus avaient un métabolisme différent du leur. Leur corps leur permettait de résister aux intoxications les plus puissantes. Mais trouver de telles personnes était un travail de titan. Finalement, les Imai abandonnèrent leur science jugée trop imprévisible pour passer à un système d’élevage d’assassins moins risqué. La veille de son départ de ce groupuscule, Takeshi n’avait eu aucun scrupule à leur voler leurs secrets concernant l’alchimie. Il avait pris tout ce qu’il pouvait comme ouvrages avant de brûler le reste derrière lui. Ces vols avaient été sa manière de remercier son ancienne famille pour son enfance infernale.
Les doigts du Tsukuri caressaient avec hésitation la surface du flacon. Selon l’un des manuscrits dérobés, l’ingestion de cette concoction lui permettrait de déterminer s’il était oui ou non l’un de ces heureux élus, un mutant aux capacités surnaturelles. S’il venait à souffrir le martyr, la réponse serait non. Dans le cas contraire, le jeune homme ne serait plus un affin sans pouvoir. Il débouchonna la petite bouteille, la porta à ses lèvres… quand un bruit attira son attention. Il pensait pourtant avoir fui suffisamment loin dans la nature sauvage pour se retrouver seul.
« Qui approche par là ? Déclarez votre identité ! » ordonna-t-il, la paume posée sur son épée.
« Mon frère, pardonne-moi d’être comme ça… si faible. Je ne sais pas si je vais y arriver. Je ne sais pas si je réussirais à te venger. Je ne crois même plus en moi. Je me sens si fatigué. L’attaque des Portes d’Or, ma rencontre avec Wu-tang, le combat d’aujourd’hui, je n’en peux vraiment plus. Je n’ose pas retourner au domaine du clan. Kintaro va être déçu. Il aura honte d’avoir un protégé comme moi. Je veux partir, fuir ce pays, partir loin d’ici aller quelque part où personne n’entendra parler de moi. Excuse-moi Ryu, je suis vraiment désolé. J’espère que tu pourras me pardonner... »
L’enfant resta prostré sur lui-même pendant plusieurs longues minutes avant de retrouver son calme. Il espérait que personne ne l’avait vu pleurer ainsi. Il s’était assez humilié comme ça. Cependant, en dépit de sa faiblesse, une solution subsistait. Sa main glissa dans l’une de ses poches pour en tirer une fiole au contenu étrange. Des décennies avant sa naissance, le clan Imai n’avait pas qu’une réputation d’assassins, mais d’alchimistes prêts à tout pour créer de parfaites machines à tuer. Ces meurtriers ne se contentaient pas d’élever de futurs tueurs ou espions. Les enfants qui finissaient entre les mains étaient utilisés comme cobayes humains. Déformations physiques, maladies, effets secondaires et des morts innombrables. Rien n’arrêtait ces scientifiques qui continuait au nom du progrès.
Malheureusement, ils comprirent vite que seuls de rares élus survivaient à leurs concoctions dangereuses. Ces individus avaient un métabolisme différent du leur. Leur corps leur permettait de résister aux intoxications les plus puissantes. Mais trouver de telles personnes était un travail de titan. Finalement, les Imai abandonnèrent leur science jugée trop imprévisible pour passer à un système d’élevage d’assassins moins risqué. La veille de son départ de ce groupuscule, Takeshi n’avait eu aucun scrupule à leur voler leurs secrets concernant l’alchimie. Il avait pris tout ce qu’il pouvait comme ouvrages avant de brûler le reste derrière lui. Ces vols avaient été sa manière de remercier son ancienne famille pour son enfance infernale.
Les doigts du Tsukuri caressaient avec hésitation la surface du flacon. Selon l’un des manuscrits dérobés, l’ingestion de cette concoction lui permettrait de déterminer s’il était oui ou non l’un de ces heureux élus, un mutant aux capacités surnaturelles. S’il venait à souffrir le martyr, la réponse serait non. Dans le cas contraire, le jeune homme ne serait plus un affin sans pouvoir. Il débouchonna la petite bouteille, la porta à ses lèvres… quand un bruit attira son attention. Il pensait pourtant avoir fui suffisamment loin dans la nature sauvage pour se retrouver seul.
« Qui approche par là ? Déclarez votre identité ! » ordonna-t-il, la paume posée sur son épée.