La bête avait été réveillée, le flanc à moitié brûlé par les déflagrations communes des deux "scientifiques". De quoi aiguillonner sa hargne pour qu'elle se manifeste hors de sa cage. Mais, à défaut de la voir sortir de son hibernation en gesticulant dans tous les sens, ce fut une salve de dix ongles qui traversèrent rapidement le rideau de fumée opaque pour pénétrer la chair des deux Érudits. Même si le balafré voulut se mettre en travers de son amie, il n'était visiblement pas assez rapide. Lui comme elle se firent toucher par cette attaque sournoise, les excroissances de kératine se plantant peu profondément dans diverses parties de leurs corps. Par chance, la protection thoracique de Sadaharu lui permit de contrer la majorité des projectiles lui arrivant dessus.

Enfin, la chose sortie de sa tanière. S'attendaient-ils à voir arriver une créature aussi hideuse, humanoïde ? Certainement pas. En voyant la silhouette débarquer vers eux, les poils hérissés tel un grizzly hirsute, Sadaharu accusa un soubresaut de panique. Il n'était visiblement pas prêt à croiser cette menace. Était-ce elle qui rôdait autour du Monolithe, ces derniers temps ? Était-ce elle qui avait tantôt dévasté la bibliothèque du monastère ?

« Mir, couvre-moi ! »

L'amas de poil leur fonça dessus – mais il n'allait certainement pas dicter ses propres règles aux deux gamins des rues. Prenant ses jambes à son cou pour fuir la ruée de la créature, Sadaharu récupéra une bouteille de saké de son barda d’alchimiste, dont il prit une grande gorgée. Dès que son amie lui donna le feu vert, et l'opportunité d'agir, il se retourna alors, et vint cracher sa mixture inflammable avant de l'embraser d'une étincelle.

Son action allait-elle servir à quelque chose ? Seul l'avenir pouvait le dire. Mais le balafré sous-estimait assurément la protection exotique de la créature. À moins qu'ils ne l'attaquent à deux ?

Embourbé dans le cinquième cercle de l’enfer, l’hydrocéphale ne t’a pas vu, Mirai, t’enfoncer dans l’une des geôles. Alors qu’il se rue toujours en direction de ton binôme de toujours, une explosion retentit. Ton arcane le happe de plein fouet. Son corps est projeté avec force contre le mur opposé. Il est sonné, mais l’assaut n’a pas suffit à percer l’épaisse protection.

Bien qu’il titube, le demi-géant continue toujours à marcher vers toi, Sadaharu.

« Érudits méchants.
— Tous méchants.
— Toujours parasiter ma maison.
— Non. Non. Non. NON.
— LAISSEZ MOOOOOOI !!! »

À l’instar de ses bras, sa cage thoracique s’ouvre. Il cherche à t’attraper, te serrer de toute ses forces. Tu libères un souffle enflammé, son corps perd toute l’inertie accumulé. Les poils s’embrasent. Vous venez de lui faire subir un autodafé. Ses cordes vocales libèrent plusieurs hurlements de douleur. Il a la même tonalité qu’un nourrisson. Il cherche à éteindre le feu en se heurtant soi même. En vain, les flammes ne font que se propager bien plus. L’hideux se roule en boule, au sol.

En vain.

Il se relève en hâte, son corps s’hérite contre chaque mur. Il vous fuit. Il cherche à retourner dans son nid, près du fuinjutsu mural. Comme auparavant, vous remarquez que les flammes se dissipent légèrement au contact des parois de ce corridor. Comme si un mécanisme cherche à éviter qu’une trop grande quantité de chakra ne soit présente ici. Cela n’est pas suffisant pour que la créature quitte sa prison enflammée. Ses cris ne cessent de se multiplier, quel homme pourrait rester sain d’esprit face à la torture d’un nourrisson ? Ayant battu en retraite, la sortie s’offre à vous. À moins que vous ne cherchez à terminer votre travail.

Les pleurs reprennent de plus belle. Un murmure peut être audible.

« L’Ombre veille sur nous.
— Nous reviendrons toujours à la vie.
— L’Ascension ne sera que plus belle.
— Ils nous alimentent. »

C'était le moment parfait. La seule fenêtre de fuite. L'instant décisif pour s'en sortir vivant. Sadaharu devait maintenant faire un choix : revendiquer ce couloir emplit de mystère, ou être certain de pouvoir vivre au moins un jour de plus. Hélas, la tête de son amie Tomoe Mirai faisait également partie de l'équation.

Et comment aurait-il pu la sacrifier ?

« On rejoint la surface ! La présence a été trouvée, il nous faut des renforts maintenant ! »

Par chance, la femme aux poings explosifs était sur la même longueur d'onde que son compagnon. Il fallait sortir d'ici le plus vite possible. Ainsi, sans se retourner, les deux élus composèrent leur sprint le plus rapide de leur existence pour rejoindre la Cour du Monolithe – tandis que le balafré s'autorisa un lancer de makibishi derrière eux pour garantir leur fuite. Il n'y avait aucun zèle. Seulement de la précaution. Après tout, la chose sur laquelle ils étaient tombés, et qu'ils avaient essayé d'affronter, avaient fait preuve d'une utilisation poussée du chakra.

Dès que Sadaharu regagna la surface, il regarda tout autour de lui à la recherche d'un visage familier. Y avait-il un Érudit compétent dans les parages pour entendre leur témoignage ?

« S'il vous plaît ! Quelqu'un ! Nous avons besoin d'aide ! »

Les deux amis d’enfance quittent le souterrain. Dans la cour du monolithe deux entités trônent. La Sorcière d’Ivoire et un chérubin. Leur camarade est assoupie, dans les bras de cette gargouille tout de blanc vêtu. Il veille sur ce groupe depuis le début. La jeune femme est posée au sol, avec délicatesse. Le regard du garde se pose sur eux. Sa tête se penche légèrement sur le côté. Une ombre voile les deux scientifiques. D’une puissante impulsion au sol, il fuse à toute vitesse contre le binôme.

L’Ange prend appuis contre l’air, exécute une vrille et écrase un puissant coup de pied circulaire contre la mâchoire de l’hydrocéphale revanchard. Le choc des deux créatures libèrent une puissante onde de choc. Le vent souffle, les arbres sont secoués. Le Difforme tombe au sol, inconscient. L’Ange tombe au sol, sonné.

De son index, il pointe la direction de l’Atelier. Après une course effrénée, le binôme revient au côté de Kisaragi. Cette « chose » sera sous sa charge, désormais. Alors qu’elle le ramène dans sa cellule, vous êtes reconduits dans vos demeures respectives – vous n’obtenez aucune réponse à vos questions quant à la présence d’un tel souterrain. Il y a plus urgent, selon la seconde de Koubai.