« L'Horizon de fange, un beau trou du cul! Haha! » S'esclaffa-t-il, fatigué. Jour après jour, mille après mille, la petite troupe d'explorateurs se rapprochait enfin de leur but, l'Horizon de fange. Ça n'avait pas été facile jusque là. Ces terres accidentées, endeuillées, recelaient de pièges naturels dont il fallait se méfier. Vigilance était le mot d'ordre à adopter, bien loin du simple conseil lancé à la hâte. S'ils avançaient en un groupe serré, Ishida avait cru bon de subdiviser le groupe en binômes de manière à ce que chaque membre puisse assurer la sécurité de son confrère ou de sa consœur.

Les jours passaient et plus ils devenaient proche les uns des autres. Il était chose commune en situation de survie de favoriser la cohésion de groupe, de solidifier les liens entre ses membres. Ishida était là pour ça. Son pouvoir lui permettait de lire les esprits, de révéler les émotions, de s'assurer de l'état psychologique du groupe. Jusque là, il y était bien arrivé, s'installant près de ceux qui n'allaient pas au mieux, tâchant de leur porter une oreille attentive, empathique.

Sur leur route, le groupe avait fait la rencontre de marchands. L'alchimiste, quoique surpris par cette apparition soudaine, acquiesça d'un signe de tête aux propos de son ami. Entre explorateurs, ils devaient bien se soutenir, s'entraider. Ishida sortit la gourde qu'il gardait dans son sac et la tendit aux étrangers. Le bel homme muet ouvra son esprit aux nouveaux arrivants, il souhaitait leur poser quelques questions. Tengen avait raison, ils devaient en savoir davantage, forcément. Après-tout, n'était-il pas le mieux placer pour soumettre ces individus à une série de questions dont il savait déjà à l'avance qu'il obtiendrait les réponses. Après un bref moment, son regard se tourna vers son ami. Durant ce temps, les autres membres de la troupe s'agitaient dans tous les sens, défaisant une partie de leurs bagages pour offrir à boire aux marchands.

« Ils viennent d'un petit village au sud-est d'ici, à la limite des Bois maudits. Ils sont plusieurs petits groupes de marchands à voyager sur ces routes accidentées. Ils nous déconseillent vivement de nous approcher de l'Horizon... quelque chose de dangereux s'y cacherait. Toutefois, ils nous suggèrent de prendre plein sud jusqu'aux sables mouvants. Ensuite, il faudra bifurquer vers l'ouest sur environ 100 mètres où une clairière nous attendra. À partir de là, il faudra reprendre plein sud. Ensuite, ils ne savent pas trop, ils n'ont pas osé s'y aventurer. » Il espérait que ces informations suffisent à satisfaire son acolyte. Ils devraient se remettre en marche bientôt avant que la nuit ne s'installe.

Le télépathe du clan Kodama avait le blues. Les p'tits nouveaux, ces marchands venus d'ailleurs, s'étaient envolés à la nuit tombée... seul leur corps demeuraient. Dommage, ils auraient pu en apprendre davantage s'ils avaient eu plus de temps. Le chef de la bande donna l'ordre de les recouvrir d'un drap, puis de passer à autre chose. Ils devaient faire route en direction de l'Horizon de fange.

Ishida n'était pas d'accord. Celui-ci souhaitait qu'on les mettent en terre, qu'on leur offre une cérémonie funéraire décente, dans les règles. Après tout, c'était la moindre des choses entre explorateurs. Ses pauvres hommes avaient vu en eux l'espoir, un souffle nouveau... sans se douter que celui-ci serait leur dernier. Cependant, fort sur ses positions comme une brindille au vent, il se contenta d'incliner la tête et d'accepter, sans même se donner l'effort de broncher.

Leur avancée fut lente et pénible, bien plus qu'il n'avait pu l'imaginer. Évidemment, l'absence de lumière n'avait pas facilité leur tâche et s'ils étaient équipés de torches, celles-ci n'émettaient qu'un faible halo sur quelques mètres, juste bon à ne pas se prendre les pieds dans des pièges. Ils suivirent les indications de leurs confrères décédés, empruntant d'abord les sables mouvants qu'ils réussirent tant bien que de mal à franchir. Cela n'avait pas été facile avec la tonne de matériels qu'ils transportaient, puis avaient regagnés le sud en direction de l'horizon où il rencontrerait

« Enfin, nous y voilà! » L'aube était tombée depuis des heures et voilà qu'un premier signe de victoire s'annonçait à eux, la flore semblait reprendre vie doucement, peu à peu. Si la végétation demeurait à ras du sol, elle semblait plus forte, plus vive, plus verte. Cette plante qu'ils devaient trouver et ramener, elle ne devait pas être bien loin. « Nous devrions nous arrêter et établir le campement, puis nous reposer quelques heures. De toute façon, si cette plante est bioluminescente, il sera beaucoup plus facile de la retrouver une fois l'obscurité à nos portes. » Lança-t-il à son ami.

Le petit groupe s'était rapidement afféré à la construction du camp de base. Après des journées éreintantes et périlleuses au cœur d'une végétation sournoise, un peu de sédentarité leur ferait le plus grand bien. Les tentes se montèrent en un tour de main et rapidement, le silence inonda la place d'un calme assourdissant. Enfin, ils y étaient parvenus. L'Horizon de fange, c'était donc ça!? Du moins... en partie. Cependant, l'alchimiste savait que chaque derrière grande découverte se cache inévitablement une menace équivalente.  

Zaraki ouvrit les yeux, les faibles rayons du soleil lui parvenaient toujours et se déclinaient en une tempête de violets et d'orangés. Des bougies, placées ici et là, illuminaient tout le camp d'une magnifique lumière. Une ambiance tamisée que la vipère appréciait particulièrement. Ça lui rappela, l'instant d'un moment, les opiumeries du quartier aux épices.

Bientôt, le petit groupe finirait de se réveiller pour planifier les recherches. Après tout, cette plante phosphorescente ne devait pas être si difficile à trouver en pleine pénombre? Ça revient à chercher un phare à l'horizon, non?

L'alchimiste alla voir l'un des herboristes qui les accompagnait dans ce voyage. « Rassemblez vos hommes et dépêchez-vous de préparer votre matériel. Tout doit être prêt pour la tombée de la nuit. Missionner deux de ceux-ci pour explorer les alentours immédiats du campement, question d'avoir un peu plus d'information sur ce qui nous entoure et sur comment mieux y faire face. N'oubliez pas, la sécurité avant tout! » Il était sévère, il le savait, mais ce n'était pas le moment de baisser la garde... de s'adoucir.

Le reste de l'expédition ouvrit les yeux, contempla dans un mélange de tristesse et d'excitation, le soleil s'évanouir pour laisser place à l'astre lunaire.

Il était temps.

Le p'tit groupe s'activait déjà. Alors que deux des membres de l'expédition s'en étaient allés explorer les alentours, le reste de l'expédition s'éveillait doucement, le parfum des gras chaudrons encore chauds flottant dans tout l'camp. Une demi-heure plus tard, le duo d'éclaireurs revinrent, il n'y avait rien à l'horizon. Il faudrait davantage de monde pour explorer la zone. C'était exactement ce qu'ils s'apprêtaient à faire.

Tous empaquetèrent leurs affaires avant de se suivre à la queue leu-leu dans plus de végétation. Le groupe était de bonne humeur. Ils y étaient, enfin! Ils touchaient au but! Zaraki sentait déjà l'odeur de la gloire à leur retour. On parlerait de cette expédition forcément! Certains décidèrent de chantonner, mais le télépathe les ramena à l'ordre aussitôt. La sécurité avant tout! Si l'Horizon de fange semblait moins hostile qu'il ne l'imaginait, il ne fallait pas baisser sa garde.

Après une bonne heure de marche, le p'tit groupe dirigé par Tengen arriva à l'extrémité d'un lac où l'eau, complètement transparente, servait d'habitat à une faune marine plutôt diversifiée. Des poissons de toutes sortes, dont certains se déplaçaient en bancs, nageaient ici et là.

S'ils demeuraient sur leurs gardes, les gros bras du groupe décida de prouver sa supériorité en s'abreuvant directement dans l'étendu d'eau. Celui-là ne savait pas dans quelle merde il venait de se mettre. L'alchimiste lui donnerait l'un de ces sermons! Il s'en souviendrait, pour des siècles et des siècles! Quel connard!

Zaraki, d'accord avec la proposition de son compatriote, ajouta : « J'suis tout à fait d'accord avec toi. Ce que nous cherchons se trouve au fond de se lac. Il s'agit probablement d'une algue marine. » Avança-t-il. Le beau blond avait passé une partie de sa jeunesse dans la rue et se faisant, la forêt avait été comme sa terre d'accueil... son second chez-lui. Il s'y sentait bien et adorait ses parfums. Tout comme la nature, il s'était débrouillé pour survivre, pour grandir, pour fleurir. « Oui, une trace de chakra devrait nous permettre de retrouver cet endroit plus facilement. Je demanderai à l'un des commerçants de bien vouloir user de sa plume pour gribouiller quelques notes sur le chemin que nous emprunterons au retour. Tengen...il s'agit d'une découverte révolutionnaire! Un avant-poste, ici, c'est indispensable! Il faudra planifier une seconde expédition dès notre retour afin d'entamer la construction de cet avant-poste. »

Les explorateurs pouvaient maintenant souffler, démonter leurs bagages et solidifier les fondations de leur campement, puisqu'ils venaient de trouver ce dont pourquoi ils s'étaient aventurer si profondément en terre inconnue.

Le p'tit groupe soufflait enfin et les rires se faisaient entendre tout autour du camp.

Les rires se f'saient entendre tout autour du camp, le p'tit groupe soufflait enfin. Alors que l'alcool coulait à flot, symbole de leur victoire... de leur découverte, plusieurs questions s'élevaient quant à la distribution du mérite dans toute cette histoire. Pour l'alchimiste, c'était l'occasion rêvée de souligner la force d'une collectivité. En effet, qu'en travaillant ensemble, qu'en unifiant nos forces, tout devenait possible. Bon! Tengen et lui avait tout de même été à la tête de cette aventure. Après tout, leur sens du leadership, de l'organisation et leur empathie leur avait permis de rendre tout cela possible, de mener cette expédition jusqu'à l'Horizon de fange. En ce jour, ils écrivaient l'histoire.

Zaraki était convaincu que les hautes instances du clan Shinnin et Kodama conviendrait d'un accord équitable pour les deux clans, la promesse d'un avenir fort. Après tout, chacun pouvait y trouver son compte : les alchimistes exploiteraient les ressources offertes par la flore, tandis que les marchants auraient l'opportunité d’interagir avec des peuples reculés et d'ainsi offrir à la populace d'Asatsuyu no Sato des marchandises exotiques de grande qualité. Il fallait seulement s'organiser et se coordonner.

Alors que le leader du groupe s’affairait à calmer les esprits par l'un de ses discours rassembleur, il fut frapper par une source de chakra de premier ordre, c'était du jamais vu. Si bien que son corps se crispa une seconde. En se retournant, il aperçu la silhouette juvénile d'un garçon et d'un animal l'accompagnant. Celui-ci leur fit signe de la main, un symbole universelle et se voulant bienveillant. Le jeune garçon et son animal s'approcha des deux alchimistes, il était tout sourire. À première vue, il ne représentait aucun danger. C'était un garçon vivant près d'ici pensa-t-il. Ici, la culture pouvait différée. Ça le captivait. Lorsqu'il croisa le regard violet du jeune garçon, il ne put s'en détacher. Que c'était beau!

La vipère savait ce que représentait ce jeune garçon. Il devrait faire un rapport, c'était évident. Visiblement, lui et son peuple, se disait-il, partageait peut-être une affinité particulière avec cette énergie spirituelle. Il faudrait enquêter. Toutefois, il se contenta de sourire et lorsque son ami eu terminé de parler, utilisa son pouvoir pour envoyer un message mental au jeune garçon. Il se fut le plus doux possible, il ne savait pas comment le gamin réagirait. Ainsi, sur les derniers mots de son collègue, il s'inclina. « Rassurez-vous, nous sommes ici en paix. Nous sommes venu de loin, de très loin, afin d'étudier la flore des alentours. Vous rencontrez, c'est un peu comme la cerise sur le gâteau! »