Impossible d'accéder aux pensées de Koresama, ce dernier était devenu complètement imperméable à son pouvoir. Malgré la tension ambiante, Zaraki laissa s'échapper un léger sourire. Il ne s'attendait pas à moins de lui. Le trio arriva enfin à la porte d'un logement situé dans un quartier plus aisé, si l'on pouvait employer ce mot ici, et leur guide s’affaira aussitôt à crocheter la serrure de l'entrée. Une fois cela fait, l'alchimiste confirmé informa ses collègues novices qu'il devait prendre quelques minutes de repos... pour se remettre les idées en place. Comme ils avaient confiance en ce dernier, ils acquiescèrent d'un signe de la tête avant de pénétrer dans à l'intérieur du bâtiment.

Le télépathe était content de cette découverte, même si ça puait déjà les embrouilles à plein nez. Décidément, ils n'avaient pas affaire avec tueur lambda, mais bel et bien une alchimiste possédant des connaissances et des compétences bien plus élevées que les leurs. Ils devaient rester sur leurs gardes et se dépêcher d'examiner les alentours. Le beau lion à la crinière dorée avait hâte, même si ça l'effrayait, de découvrir la raison derrière tous ces vols d'organes.

Était-ce ici qu'ils trouveraient les réponses à leurs questions? Il l'espérait. Ensuite, il devrait évaluer, avec l'aide présumé de Koresama, s'ils devraient se débarrasser d'elle ou pas. D'une façon ou d'une autre, il comptait bien s'accomplir de cette tâche funeste s'il en jugeait la nécessité.

Allez, il était temps d'ouvrir les yeux et d'observer avec minutie les indices... tous les éléments de preuve.

Les deux alchimistes pénétrèrent à l'intérieur de l'habitation, présumée scène de crime. Zaraki n'en croyait pas ses yeux, des myriades de bocaux traînaient çà et là aux quatre coins de la pièce. C'était impressionnant. L'alchimiste observa l'expression de son collègue qui visiblement, était lui aussi abasourdi par l'ampleur de leur découverte. Ils y étaient, c'était ici que tout avait commencé.

Le beau blond nota l'agencement des bocaux et la propreté des lieux. Il ne s'agissait pas d'un psychopathe ordinaire, mais bel et bien d'un scientifique qui opérait de manière structurée, analytique. Tengen lui fit signe de regarder le table sur laquelle se trouvait des pierres « Kai ». « Voilà un autre élément de preuve! » Sifflota-t-il à son homologue masculin. Tournant sur lui-même, il prit conscience de l'ampleur de la situation.

C'est alors que leur frère d'armes, Koresama, pénétra dans le petit bâtiment de quelques mètres carrés. Ce dernier, toujours aussi mal, leur mentionna que le clou du spectacle se trouvait à la cave. Ça l’intriguait, il ne pouvait le nier. Que pouvait-il se cacher là? Qu'était-ce cette chose qui troublait autant leur guide? La curiosité de la vipère était piquée au maximum.

Acquiesçant aux propos de son ami, les deux enquêteurs descendirent les marches qui menaient sous leurs pieds. « Tu crois qu'on va tomber sur un corps? » Lança-t-il au scientifique tout en lui emboîtant le pas.

« Stupéfiant, cet odeur de chair en putréfaction. » Se dit-il. À la vue du corps enfermé là, sous clé, son visage se referma... se refroidit. Que s'était-il passé dans cette cave? Ce corps... accroché là, suspendu par les ficèles du mal... avait-il souffert avant d'en arriver là? Son bourreau avait-il eu cette gentillesse ou n'était-ce qu'un autre échec scientifique qui s'ajouterait à la longue liste des histoires d'horreur du clan Kodama. C'était effrayant... ce mélange de teintes et de coutures. Soudain, Zaraki comprit pourquoi Koremasa, leur guide, s'était présenté à eux dans ce sale état. Il y avait ici matière à faire des cauchemars pour un temps. « Putain, c'est horrible! » Pensa-t-il en secouant légèrement la tête.

« Tous ces meurtres, c'était donc pour ça... pour cette chose, cette immondice, ce... blasphème! » Ajouta-t-il en rejoignant son comparse qui s'était rapproché du corps. Si tout ça l’écœurait, la curiosité qu'il avait était suffisamment forte pour le pousser à avancer. Il avait l'impression d'être le spectateur de sa propre vie. Il était choqué, décidément. Alors que Tengen s'apprêtait à leur donner un début d'explication, une voix féminine se fit entendre à l'étage. Elle était là. Elle était revenue. Après tout, ne fallait-il pas s'y attendre?

L'Ameyūri aggripa son poignet ainsi que celui de leur guide avant de les tirer derrière une armoire. Ils étaient dans la merde, c'était officiel. Le rouquin leur intima de demeurer silencieux, puis les informa de son plan : ce dernier irait à la rencontre de la meurtrière présumée, tandis que Koremasa et lui resterait caché. Leur rôle était de venir en aide à l'alchimiste si la belle lui résistait. Il acquiesça immédiatement, il n'y avait plus de temps à perdre. Le télépathe jeta un coup d'oeil au guide, puis tournant la tête en direction de la porte, posa la main sur sa dague.

Il était prêt.

Tengen et lui avait décidément fait quelque chose à l'univers pour recevoir pareil coup de râteau. Ils étaient dans la merde et leur guide, Koresama, ne semblait pas d'une grande aide... lui non plus. Ishida Zaraki était secoué. Habituellement, c'était lui qui prenait les gens la main dans le sac, non pas l'inverse. Quoi qu'ici, le rôle de chacun pouvait être discuté. Néanmoins, la situation n'en était pas moins tendue. La voix d'Abaraï Kiku se fit entendre à l'étage et elle s'adressait à eux. L'alchimiste savait donc que le duo d'enquêteur (et leur plus trois), se trouvaient dans la cave, là où tout avait commencé et où possiblement, tout allait se finir.

Soudain, un bruit métallique retentit du côté de l'immondice. Cette putain de chose était en vie! « Putain, Koresama avait raison! Cette chose va nous sauter à la gueule! » Se dit-il avant de fixer l'Ameyūri du regard. « T'as un plan B, parce que là, ça va pas l'faire j'ai l'impression. Sans l'effet de surprise, on est foutu. » Lui lança-t-il en regardant le golem de chair arracher ses attaches une à une. Sa peau se retrouverait-elle quelque part sur ce colosse ou se débarrasserait-elle uniquement de leur corps. Le télépathe devait se ressaisir et vite.

Ce giflant d'une bonne droite, la folle recouvra un peu ses esprits.

Alors qu'il se mettait à réfléchir sérieusement à un moyen de ne pas crever ici bas, son frère d'armes, le cerveau de cette mission, décida d'une toute autre issue. Se dernier balança le drapeau blanc. Zaraki n'aimait pas se savoir en déroute ainsi, mais la condition actuelle ne laissait aucune autre possibilité.

Rejoignant Tengen, il s'apprêtaient à monter à l'étage lorsqu'il repensa aux propos de la meurtrière. Rendez-vous et nous pourrons discuter. Pouvaient-il se fier à sa parole, à si peu? « Écoute Tengen, j'ai une idée. Ça risque de te sembler saugrenu, mais ça fera certainement son effet. »

Composant une série de mudras, l'alchimiste au faciès androgyne prit l'apparence d'une femme et pas de n'importe laquelle. Oui, oui, il s'agissait bien de la patronne des alchimistes, Arai Kisaragi. Avec ce subterfuge, il espérait que leur hôte s'adoucisse suffisamment pour leur permettre de gagner du temps. Et de toute manière, la chose la plus importante pour l'instant était de quitter cette pièce et ce pantin barbare. « Ok, tu peux y aller. N’oublie pas, je ne peux pas parler. Tu pourras dire qu'elle n'est ici que pour la forme. » Cette idée était peut-être un peu tiré par les cheveux, mais il ne pouvait se rendre sans rien avoir tenter au préalable. S'il ne pouvait la battre par la force, peut-être réussirait-il à la duper.

Se retournant vers Koresama qui les avait également rejoint. « Mon ami, pour que cela soit crédible, tu joueras mon assistant ou... garde du corps. » Lui dit-il avant de pénétrer l'esprit de ses deux alliés simultanément. « Jouons le jeu de la bonne entente, mais au moindre signe d'ouverture, il faudra la mettre à terre. »

Alors que son ami était la proie du golem de chair, Zaraki lui, s'était métamorphoser en la sainte patronne des alchimistes, Arai Kisaragi. Tengen devait s'occuper du reste, leur sort, mais surtout le sien, reposait entre ses mains. À l'annonce de ce dernier, Abaraï Kiku relâcha l'emprise qu'elle avait sur le rouquin avant de s'agenouiller, s'excusant des derniers événements.

Le télépathe se contenta de jouer la comédie, laissant son collègue poursuivre la conversation. Dans cette pièce montée à la dernière minute, Zaraki jouait le rôle d'une directrice mécontente, rendant des visites en grande pompes avec son assistant et un autre alchimiste du clan. Peut-être l'utilisait-il pour donner l'exemple aux novices. Néanmoins, il était clair de part son air sérieux, froid... glacial, que quelque chose lui déplaisait, l'ennuyait officiellement.

L'excuse de son collègue était parfaite. La pauvre, dans une telle colère, avait demandé à Tengen de s'occuper de l'affaire en son nom. Elle le testerait ainsi dans ses fonctions d'Alchimiste tout en gardant la face sur tous les plans. C'était bien pensé! « Bien joué! N’oublie pas, il est impératif que je n'ouvre pas la bouche. Sinon... tout est foutu. » Souffla-t-il à Tengen, toujours lié par leur connexion psychique. S'ils étaient chanceux, tout cela passerait crème!

Le dos droit, le menton haut et le regard froid, Zaraki fixa les yeux clos du golem, au cas où ce dernier ne les ouvre. Il devait jouer le jeu de la directrice mécontente, sans peu de mots, afin que tout se déroule comme prévu.

Le comble, ça l'avait presque fonctionné! Si seulement il n'était pas muet... Ça avait été l'erreur de trop. Bon, ça leur avait au moins permis de mettre certaines choses au claire. Premièrement, elle était bien la propriétaire de cette chose immonde, mais à l'écoute de ses paroles, l'érudit comprenait que la femme avait possiblement quelque chose à se reprocher. Toutefois, il ne brisa son charme qu'au dernier moment, espérant un retournement de situation qui n'arriva jamais.

Ce plan n'avait pas été travaillé. En fait, rien ne l'avait été, mais c'était comme ça les enquêtes de terrain, elles comportaient toujours leur lot de possibles.

« Je m'en occupe! » Lança-t-il à son ami, toujours à l'autre bout du fil.

Alors que Tengen se complaisait dans son rôle d'acteur, le golem improvisé resserra son emprise sur le corps de ce dernier, menaçant de lui briser les os. Elle allait trop loin! La limite avait été franchie. Heureusement, il s'agissait d'un combat à trois contre un. Si son meilleur ami était encore en proie à la créature, il ne le serait plus pour bien longtemps. Concentrant une grande quantité de chakra neutre dans la paume de sa main, il profita de son camouflage visuel pour sauter sur Abaraï Kiku et lui asséner un coup de paume, espérant lui briser quelques côtes pour lui faire comprendre qu'on ne touche pas à son coéquipier, mais aussi pour que cette surprise lui fasse relâcher l'emprise qu'elle avait sur Tengen.

Une fois qu'elle serait à leur merci, ils pourraient l’interroger.